novembre 1, 2024
Actualité Société

Haiti: les prisons civiles, antichambre de la mort pour les détenus

Les décès s’accumulent dans les prisons civiles des 18 juridictions du pays. Famine, maladies infectieuses, manque de soin et déshydratation, les détenus côtoient la mort au quotidien. Au moins 75 détenus ont succombé de janvier à septembre 2022, selon le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH).

 

 


Les espaces sont congestionnés, l’air ne circule plus. Des détenus coexistent dans des cellules surpeuplées et mal éclairées, sans ventilation adéquate. Les prisons sont dépourvues d’eau potable ni d’installations sanitaires. Des prisoniers défèquent dans des seaux qui ne sont pas régulièrement vidés. Ces conditions apparentant à des traitements cruels, inhumains et dégradants ont pressé les organismes de droits humains à tirer la sonnette d’alarmes sur les conditions de détention, depuis le début du mois de septembre.

 

 

 

Les décès s’accélèrent dans les juridictions de Port-au-Prince, Mirebalais, Jacmel, Jérémie entre autres. Le 21 septembre dernier, Olrich Toussaint, un détenu incarcéré au pénitencier national est retrouvé mort, peu avant avant le décès d’une dizaine d’autres.

 

 

Selon l’avocat Arnel Rémy joint au téléphone par la rédaction, la situation de tension qui sévit dans la région métropolitaine de Port-au-Prince impacte grandement les conditions hygiéniques des détenus. Certains ne se sont pas lavés depuis une semaine.

 

 

Dans la prison civile de Jacmel, la situation est d’autant plus catastrophique. De janvier à septembre de l’année en cours, 17 détenus sont déjà morts. Le 3 septembre 2022, la presse a été alertée par des responsables d’organismes de défense des droits humains pour la mort des détenus Tombeau Dieuvè et Ossé Ferdinand. 24 heures auparavant, soit le 2 septembre, les détenus Jean Pierre Duralson et Sanon Lifène succombaient à la prison civile.

 

 

Difficultés respiratoires et malnutrition sont entre autres causes du décès de la plupart des détenus, a fait savoir Jean Jeudy, secrétaire général de la Société Makaya, militant pour le respect des droits humains, interviewé par la presse jacmélienne.

 

 

Pour aider les détenus à rester en vie, une partie de la société civile de Jacmel a fait son possible pour alimenter la prison en nourriture. La majorité des 700 détenus de la prison civile de Jacmel sont malades. Les conditions exécrables d’incarcération, l’insalubrité, la malnutrition rendent vulnérables les détenus qui, pour la plupart, sont en détention préventive prolongée.

 

 

Dans les autres juridictions, le Collectif des avocats pour la défense des droits humains (CADDOH) a demandé de l’aide pour les prisonniers. L’association a pu trouver des produits alimentaires pour partir à la rescousse de ces détenus.

 

 

Dans un communiqué en date du 28 septembre, l’Office de la Protection du Citoyen (OPC) s’est insurgé contre les conditions de détention dans les prisons civiles haïtiennes causant la mort d’au moins douze détenus. L’OPC qui tire la sonnette d’alarme en prévenant que si des dispositions ne sont pas adoptées dans les plus brefs délais, la situation risquera de se transformer en catastrophe humanitaire. Il invite les parents des prisonniers décédés “à ouvrir la voie à des recours contre l’État par devant les Instances régionales et internationales relatives aux droits de l’Homme dans une perspective de réparations pour violations graves de droits humains”.

 

 

75 morts de janvier à septembre

Intervenant à un média de la capitale, le directeur exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), Pierre Espérance a fait savoir que plus de 75 détenus sont déjà morts dans les prisons civiles en Haïti de Janvier à septembre 2022 au niveau des 18 juridictions. Un chiffre qui risque d’alourdir en raison des conditions hygiéniques déplorables, s’alarme le responsable.

 

La population carcérale haïtienne est l’une des plus surpeuplées au monde avec un taux moyen d’occupation dépassant les 400 %, ne laissant en moyenne que 0,7 mètre carré par détenu, alors que les normes internationales recommandent un minimum de quatre mètres carrés par personne.

 

 

 

DJ

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