octobre 11, 2024
Politique

S’en prendre à des anciens et actuels officiels, le périlleux défi de la justice haïtienne

Les sanctions des États-Unis et du Canada contre des politiciens pleuvent alors que l’appareil judiciaire haïtien peine à se relever.  Des figures de proue dans la politique en Haïti placées sur la liste des sanctionnés par les occidentaux, ont été révélées. Toutefois, la justice haïtienne se montre plutôt défaillante pour se saisir de tels dossiers.

 

La fièvre est pratiquement dans les rues de Port-au-Prince et elle est on ne peut plus attrapante. Des anciens et actuels membres des pouvoirs exécutif et législatif, particulièrement, se trouvent dans la ligne de mire des États-Unis et du Canada.

Un sénateur en fonction Rony Célestin, deux anciens parlementaires Gary Bodeau et Hervé Fourcand et plus récemment, l’ex-président Michel Joseph Martelly et les anciens premiers ministres Laurent Salvador Lamothe et Jean-Henry Céant viennent d’allonger la liste non-exhaustive de ceux sanctionnées pour avoir financé les gangs armés et participé à d’autres activités illicites.

Cette mesure, selon le Canada, est prise en réponse à la conduite inacceptable de membres de l’élite politique haïtienne qui apportent un soutien financier et opérationnel illicite à des gangs armés.

Le Canada, dans un communiqué publié samedi 19 septembre, dit avoir des raisons de croire que “ces personnes utilisent leur statut d’ancien ou d’actuel titulaire d’une charge publique pour protéger et permettre les activités illégales de gangs criminels armés, notamment par le blanchiment d’argent et d’autres actes de corruption”.

Le gouvernement canadien avance que “Ces gangs et leurs partisans continuent de terroriser en toute impunité les populations vulnérables en Haïti, et ils ont ainsi provoqué dans le pays une crise humanitaire, qui comprend la résurgence du choléra. Les gangs commettent aussi des actes de violence inqualifiables, y compris la violence sexuelle généralisée, à l’encontre des populations touchées et empêchent la prestation de services essentiels et l’acheminement d’aide humanitaire”.

Le Canada dit envisager d’imposer de nouvelles sanctions contre d’autres personnes et entités pour faire pression sur les responsables de la violence et de l’insécurité persistantes en Haïti.

 

Rony Célestin et sa luxueuse maison au Canada

Rony Célestin et son épouse Marie-Louisa Célestin, l’une des consules en poste à Montréal pour la République d’Haïti, ont acquis une villa de 4,25 millions de dollars au bord de l’eau. La nouvelle propriété a été payée en un seul versement, sans hypothèque, et sans que l’autre maison ne soit vendue, selon le Registre foncier cité dans un article par La Presse au Canada.

La villa comprend quatre salles de bains, un espace pour dix voitures dans l’entrée, un terrain riverain de 66 000 pieds carrés avec fontaine et piscine.

Selon les informations véhiculées par un média de la capitale, l’Unité de Lutte contre la Corruption (ULCC) avait rendu, en 2021, un rapport favorable au sénateur Rony Célestin sur l’achat de la villa. L’éminent avocat Samuel Madistin eut à dire que l’ULCC renforce la corruption au lieu de lutter contre elle.

Il y a quelques semaines, le président du tiers du sénat Joseph Lambert et l’ancien sénateur Youry Latortue ont été sanctionnés par les États-Unis et le Canada. Ils ont été accusés de trafic de drogue et d’avoir de connexion avec des gangs armés dans le pays. Des accusations dénoncées et démenties plus tard par les deux concernés qui ont promis de laver leurs noms.

 

La justice haïtienne se terre dans le silence

Ces sanctions représentent de véritables gifles pour la nation haïtienne mais aussi pour la classe politique en Haïti, dont la plupart des acteurs ne cessent de se présenter comme plus blanc que la neige. D’autant plus qu’ils se vantent comme les seuls à pouvoir retirer le pays du bourbier dans lequel il patauge.

Aucun commissaire du gouvernement ne s’est encore saisi de ce dossier. Le gouvernement non plus ne s’est penché sur la question. La justice est aux abonnés absents; l’appareil judiciaire en lambeaux et la population, en mode observateur, souhaite qu’un jour justice sera rendu à tous ceux et celles qui le méritent.

Auparavant, deux ministres du gouvernement d’Ariel Henry ont été sanctionnés par les États-Unis et le Canada. Ces ministres ont seulement perdu leur poste au sein du gouvernement; et rien de plus.

Et la liste va continuer à s’allonger, préviennent les Occidentaux. Le Canada et les États-Unis envisagent de s’en prendre à plusieurs dizaines d’autres personnalités haïtiennes. Toutefois, le gouvernement haïtien, lui, se terre dans le silence. Ce ne sont pas ses oignons semble-t-il!

 

RPBS

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