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Haïti-crise: Dans l’enfer du Pénitencier national

Le pénitencier national à l’instar d’autres prisons civiles des juridictions du pays est considéré comme un véritable antichambre de la mort. Famine, tuberculose, Sida, choléra, manque de soin et déshydratation, les détenus côtoient la mort au quotidien. La situation s’envenime de jour en jour. Au moins 80 détenus sont décédés de janvier à septembre 2022, selon le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH).

 

 

 


Depuis quelques mois, les conditions de détention se sont aggravées, avec des ruptures fréquentes dans l’alimentation de la population carcérale. Selon Pierre Espérance, Directeur Exécutif du RNDDH, le blocage du Terminal Varreux par l’organisation criminelle G-9 an fanmi e alye, l’insécurité généralisée et la situation de tension qui sévit dans tout le pays est à la base de cette situation. « Du 2 au 5 octobre 2022, pas moins de 14 détenus sont décédés au pénitencier national dont 8 ont été enregistrés dans la nuit du 4 au 5 », informe Pierre Espérance.

 

 

 

Les vidéos en circulation à travers les réseaux sociaux montrant le fond du plus grand centre carcéral du pays sont glaçantes et font froid dans le dos. Des corps inertes au sol sous le regard des autres prisonniers, constituent la toile de fond de ces vidéos. Faute de moyen, les prisonniers sont parfois obligés de cohabiter avec les cadavres comme compagnons de cellule. Des vidéos ont même été censurées par certains réseaux sociaux, compte tenu de leur degré de sensibilité.

 

 

 

Faut-il souligner qu’avant la prise de fonction de l’ancien commissaire du gouvernement, Me Jean Danton Leger, les agents pénitentiaires se contentaient de jeter les cadavres dans une fosse commune. Du 6 au 7 octobre 2022, 6 prisonniers ont perdu la vie, informe Me Arnel Remy, porte-parole du Collectif des Avocats pour la Défense des Droits de l’Homme « CADDHO ».

 

 

 

Sida, tuberculose, malnutrition…

La pharmacie du dispensaire du pénitencier national est presque vide. Dépourvus de moyens, les soignants ne viennent presque plus en raison, surtout, du transport en commun, complètement paralysé depuis plus de 4 semaines. Le peu qui viennent se consacrent spécialement au traitement des détenus souffrant de la tuberculose et du VIH, responsable du sida. Certains détenus affaiblis et particulièrement vulnérables ne peuvent même pas prendre leurs médicaments.

 

 


Fournisseurs aux abois

Les fournisseurs de produits alimentaires sont dépassés par les évènements. Comme toutes les entreprises du pays, plus précisément de la région métropolitaine de Port-au-Prince, ils sont frappés de plein fouet par la pénurie du carburant. « Aussi, l’Etat accuse souvent des retards dans le paiement des fournisseurs », précise Pierre Espérance du RNDDH.

 

 

Au cours du mois de septembre, des acteurs de la société civile ont fait appel à une levée de fonds, sur les réseaux sociaux, en vue de voler au secours des prisonniers de Pénitencier national. “De l’argent et des produits alimentaires ont été collectés. Mais, toutefois, cette aide est de loin suffisante pour secourir la population carcérale qui compte des milliers de détenus”, explique le défenseur des droits humains.

 


Déjà 80 morts de janvier à septembre

Intervenant à un média de la capitale, le directeur exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), Pierre Espérance a fait savoir que plus de 80 détenus sont déjà morts dans les prisons civiles en Haïti, de Janvier à septembre 2022, au niveau des 18 juridictions. Un chiffre qui risque d’alourdir en raison des conditions hygiéniques déplorables, s’alarme le responsable.

 

 

Les autorités étatiques n’ont toujours pas communiqué sur les mesures qu’elles comptent adopter en vue de freiner cette catastrophe humanitaire qui se profile à l’horizon dans les prisons civiles du pays. Les esprits sont plutôt ailleurs. L’heure est à la demande d’intervention des forces étrangères.

 

 

 

DJ

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