Quand la République Dominicaine s’en prend au fils de Dessalines et à celui qui veut EDE
Le journal Listin Diario a publié le samedi 10 Septembre 2022, une photo de Jean Charles Moïse parmi les chefs de gangs interdits d’entrer en République Dominicaine. Le leader du parti Pitit Dessalines est monté au crénau pour exiger la suppression de la photo. Dans la foulée, l’intransigeant nationaliste haïtien Claude Joseph, responsable de EDE (les Engagés pour le Developpement), a dénoncé cette bavure du média dominicain et exigé des excuses publiques.
Depuis quelques temps, le responsable du parti politique EDE fraîchement lancé, Claude Joseph est vu comme un opposant farouche aux agissements discriminatoires des dominicains à l’encontre des Haïtiens. Ce n’est pas étonnant qu’il soit l’une des premières personnalités à avoir critiqué le journal Listin Diario.
Claude Joseph a exhorté le journal dominicain Listín Diario à supprimer rapidement la photo de Moïse Jn Charles parmi celles des chefs de gangs armés. Mr Joseph a dénoncé une campagne systématique de dénigrement menée contre tous les leaders qui s’engagent pour le respect de la dignité et de la souveraineté d’Haïti.
Quelques minutes après, l’ancien chancelier haïtien a eu en partie gain de cause. La photo a été effectivement suprimmée même si les excuses publiques se font toujours attendre.
« Comme nous l’avons demandé, le journal dominicain ListinDiario a supprimé la photo de l’ex Sénateur Moise Jean Charles de la liste des chefs de gangs recherchée par la PNH. Mais, ça ne suffit pas. Nous exigeons également des excuses publiques au Sénateur et au peuple haïtien », a écrit Claude Joseph sur son compte twitter.
L’utilisation de la photo de l’ex-sénateur Moïse Jean-Charles dans l’article abordant la liste des gangs haïtiens interdits d’entrer en RD est dûe à une erreur de composition » a rectifié le journal Listin Diario qui dit regretter que cela ait pu nuire au politicien.
Claude Joseph et la République Dominicaine, un conflit qui ne date pas d’hier
L’ancien Premier ministre haïtien, faut-il le souligner, est dans le viseur du gouvernement dominicain. D’ailleurs, il fait partie d’une indécente liste de personnalités pour la plupart des chefs de gangs dont l’entrée est interdite en République Dominicaine. Si Claude Joseph prend cette interdiction comme un honneur, d’autres y voient un avilissement ; l’ancien ministre des Affaires Étrangères est considéré au même rang que des bandits notoires.
Toutefois, il faut remonter au 5 Novembre 2021, marquant le début des hostilités entre Claude Joseph et Luis Abinader. D’alors chancelier, Claude Joseph avait recadré le président dominicain Luis Abinader qui, dans ses différentes prises de position dans la crise haïtienne, faisait montre d’une condescendance certaine vis-à-vis de son voisin.
Via un tweet responsif, l’ancien PM avait rappelé à Luis Abinader, qui a appelé à une assistance internationale en faveur d’Haïti, que son pays aussi est en proie à une recrudescence de l’insécurité, en référence « à la mise en garde du département d’État américain contre la montée de la criminalité en terre voisine » à l’époque. Claude Joseph est allé jusqu’à proposer aux autorités dominicaines de travailler de commun accord avec Haïti pour résoudre l’insécurité sur l’Île. Une façon pour Claude Joseph de « taper sur la main » de Luis Abinader.
Frustré par cette réaction du chancelier haïtien, le président dominicain avait donc suspendu le programme de visas pour les étudiants haïtiens en signe de représailles. Et depuis, le torchon brûle entre Claude Joseph et Luis Abinader.
JB