Société

Demande d’asile au Canada : la vie après le chemin Roxham

Des milliers de migrants, ayant traversé plusieurs pays pour atteindre le chemin Roxham dans l’espoir de produire une demande d’asile au Canada, empocher l’allocation mensuelle et travailler au noir, ne sont pas au bout de leur peine une fois dans le pays. Une enquête de Radio-Canada publié cette semaine qui exhibe l’envers du décor, raconte la vie de certains migrants après avoir emprunté le chemin Roxham.

 

C’est l’autre face de la médaille, celle qu’on ne montre pas. Longtemps considéré comme acquis, demander asile au Canada n’est pas un pari gagné d’avance malgré le périlleux parcours emprunté pour atteindre l’El Dorado. Une bonne partie des migrants arrivant au chemin Roxham ont traversé une dizaine de pays, dans des conditions parfois dramatiques, pour arriver jusqu’au Canada. D’autres viennent de plusieurs états des États-Unis et, ce sont pour la plupart, des haïtiens.

En 2022, le pays dirigé par le Premier ministre Justin Trudeau a reçu des centaines de milliers de demandeurs d’asile, selon Radio-Canada. Cette entrée irrégulière est leur seul moyen de mettre les pieds au pays.

Si des migrants arrivent à s’intégrer rapidement jusqu’à même recevoir l’approbation du gouvernement canadien en un rien de temps, une autre réalité est loin d’être racontée. Car, elle fait montre d’une atmosphère cruelle, insensible, ponctuée d’une esclavagisme innommable.

Le média a rencontré Henri, père de famille d’origine haïtienne qui attend, depuis près d’un an, l’autorisation fédérale de travailler légalement. Avec sa femme et leurs deux enfants, il a traversé une dizaine de pays pour arriver jusqu’au Canada en mars 2022. Un parcours périlleux, qui a démarré au Chili, avant de se conclure au chemin Roxham.

« Je pensais qu’en arrivant au Canada, j’allais pouvoir travailler, répondre aux besoins de ma famille. Mais c’est vraiment différent de ce que j’imaginais », explique-t-il à Radio-Canada.

La situation n’est pas différente pour Ronald qui attend toujours une date d’audience afin de passer devant la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada, celle du 1er novembre 2022 ayant été repoussée. Il est patient. Aujourd’hui, dans l’incertitude quant à son avenir, il se dit qu’il aurait mieux valu faire une demande d’immigration en tant que travailleur qualifié, rapporte Radio-Canada.

Depuis le début de l’année 2022, près de 100 000 demandeurs d’asile ont été enregistré. En règle générale, chaque demandeur d’asile a droit à un permis de travail jusqu’à l’étude de son dossier, par un tribunal indépendant, qui détermine si l’intéressé peut obtenir le statut de réfugié au Canada. Mais cette formalité est devenue un véritable périple. Beaucoup de demandes ont été rejetées pour inssufisance de preuves. D’autres sont approuvées sans trop grande difficulté.

Pendant ce moment d’attente, ces demandeurs d’asile bénéficient d’une aide financière, qui varie selon la taille du foyer familial, dont la prestation de base est fixée à 725 dollars par mois.

Cette allocation ne permet pas à ces migrants de subvenir à leurs besoins. Cette situation les pousse à travailler dans le plus grand secret du gouvernement canadien. Ce travail au noir rémunère très très peu. Ils font le sale boulot. Nettoyage, recyclage, agroalimentaire, restauration… On les retrouve un peu partout. « Ils sont dans ces domaines où monsieur et madame Tout-le-Monde du Québec ne souhaitent pas s’impliquer », explique Wilner Cayo, pasteur et porte-parole de Debout pour la dignité, un organisme qui se bat aux côtés des migrants au statut précaire.

« Ils sont pris dans ce piège. C’est comme de l’esclavage moderne », a déclaré Hady Anne, membre de Solidarité sans frontière.

Selon la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés, les entreprises qui emploient des personnes sans permis de travail, tout comme les intermédiaires, risquent une amende maximale de 50 000 dollars et une peine d’emprisonnement qui peut grimper jusqu’à 2 ans.

Ils sont très nombreux en Haïti à nourrir ce rêve, celui d’atteindre un jour le Canada en empruntant ce même parcours périlleux qui n’assure pas souvent un avenir prometteur.

 

JD

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