L’appareil judiciaire haïtien et les obstacles qui nuisent à son bon fonctionnement
(Port-au-Prince)- Le système judiciaire en Haïti avait toujours eu son lot de problèmes. Une justice aux plus offrants, des juges corrompus, marchandages, persécutions politiques. Des magistrats non qualifiés, qu’ils soient assis ou debout, ont souillé la toge sacrée de la magistrature de tous types de malversations. Venons au fait, le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire a écarté ce lundi, près d’une trentaine de juges pour des motifs tels que corruption, abus de pouvoir… Jacques Lafontant faisant partie des magistrats non certifiés a dénoncé une machination de toute pièce montée contre sa personne, alimentée par l’ancien garde des sceaux de la République, Berto Dorcé.
En Haïti, on aura tout vu. À défaut d’intégrité morale, nos magistrats usent de leur position pour s’enrichir illégalement. Pour amasser des fortunes, ils s’adonnent à tous types d’activités compromettantes. Libération de criminels notoires, réception de pots de vin, faire du chantage, etc.
Le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire a donc censurés 28 magistrats décriés et faisant déshonneur à la corporation. Cette décision survient à la suite d’une enquête de la commission technique de certification du CSPJ.
Parmi les juges non certifiés figurent le secrétaire général de la RENAMAH, Ikenson Edumé, Bredy Fabien, Ramoncite Accimé, vice-président de l’Association nationale des Magistrats haïtiens, Merlin Toussaint, Jean Osner Petit Papa, Ramoncite Alcimé, Garry Orélien, Roosvelt Zamor, Ikenson Edumé et le commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, Me Jacques Lafontant.
Dans le cadre d’une conférence de presse le lundi 16 janvier 2023, le chef du Parquet de Port-au-Prince, a dénoncé un membre du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, qu’il accuse d’ avoir reçu de l’argent d’un ancien ministre de la justice pour l’écarter du système judiciaire.
Le chef de la poursuite a invité, en ce sens les autorités judiciaires à faire la lumière sur son dossier tout en se mettant à la disposition de la justice pour des suites légales.
À noter que le CSPJ n’est pas un organe de révocation. Toutefois, suite à ses recommandations, les autorités compétentes peuvent tout bonnement révoqué un magistrat censuré par le CSPJ.
La justice, une honte en Haïti
La justice élève une nation a-t-on appris. En Haïti, c’est une tout autre réalité.
La justice haïtienne ne jouit pas d’une bonne santé, ce constat est néanmoins un secret de Polichinelle. Des juges corrompus jusqu’au cou; nous le savons déjà bien avant ce rapport du CSPJ.
Mais, le système, en dépit de tous ces maux, continuait tant bien que mal à rendre ou vendre la justice aux plus offrants ou rendre service au détriment de la justice. Instrumentaliser la justice à sa propre guise; nommer des juges dont l’impartialité est douteuse; pas besoin d’être compétent pourvu qu’ils puissent prononcer le mot du non-droit. Mais le CSPJ est encore là pour redresser la barque. Reste à savoir si l’impartialité a été au rendez-vous.
Entre temps, le mal, l’injustice et le non-droit continuent leur petit bonhomme de chemin. Ainsi, depuis quelques temps, la femme aux yeux bandés, avec épée et balance en mains, symbole absolu de la justice, n’est plus en Haïti, ou si non, elle est désarmée, ses yeux crevés, sa balance déréglée, elle est violée, maltraitée, sa robe maculée de sang, la bande qu’elle portait à ses yeux se trouve désormais dans sa bouche pour qu’elle ne jase aucun cri de détresse.
JB