L’obtention d’un passeport: entre maltraitance et corruption, mauvaise note pour la DIE

(Port-au-Prince)- Suite à l’annonce de la Direction de l’Immigration et de l’Émigration (DIE), consistant à décentraliser les points de réception de passeport, un grand nombre de citoyens se défilent incessamment dans les centres afin de pouvoir déposer leurs documents. Hélas ! À défaut d’atteindre cet objectif, plusieurs personnes sont victimes de brutalité et d’escroquerie de la part de certains employés et des individus vêtus en uniforme de police. Un véritable calvaire !

Lors d’une visite effectuée au centre de réception logé au Gymnasium Vincent, jeudi 2 février 2023, des jeunes garçons qui se sont massés à l’entrée du bâtiment, ont clairement avoué que seuls les policiers peuvent faciliter quelqu’un à pénétrer l’espace. Abordant un de ces hommes en uniforme de police, le “soi-disant” agent qui est censé protéger et servir, il taxe de 1000 gourdes toute personne désirant franchir la barrière et pénétrer la cour du centre (droit de passage).

Une situation qui est contraire aux règles récemment fixées par la Direction de l’Immigration et de l’Émigration. Lesquelles règles qui stipulent que tous les lundis, mercredis et vendredis, seules les femmes sont éligibles à déposer leurs documents au niveau de ce centre, les mardis et jeudis pour les hommes.

Une fois arrivée à l’intérieur, une jeune dame qui n’a pas voulu révéler son identité, a attesté avoir été taxée par un employé de la DIE d’une somme de quinze mille Gourdes, cette fois-ci, uniquement pour la déposition du document. À noter que, le Gymnasium Vincent se situe à quelques mètres du Commissariat de Port-au-Prince.

Toujours dans cette même enquête de terrain, on s’est rendu à Delmas 31 dans le Centre de Réception et de Livraison des Documents d’Identité (CRLDI). Plusieurs personnes dont une enseignante ont dénoncé les brutalités policières elles ont été victimes et la forte somme réclamée par des particuliers, parmi eux des employés, afin de favoriser les gens désireux d’obtenir leur passeport dans un meilleur délai.

Roselore, une jeune femme âgée de 25 ans, a témoigné avoir passé un « deal » avec un employé affecté au CRLDI de Delmas 31 avoisinant une somme de 40 mille Gourdes. Elle a précisé que ce montant a seulement été versé pour le dépôt du passeport et la signature. Dépassée par cette situation, Roselore a affirmé n’avoir pas eu d’autres choix, car un de ses proches aux États-Unis va la sponsoriser dans le cadre du programme « Humanitarian parole ».

Même cas de figure pour d’autres centres de réception comme la SONAPI et celui de Tabarre. Des cas de brutalité et d’escroquerie sont fortement répétés, selon notre constat.

La grande majorité des gens qui veulent déposer leur document de voyage ne sait pas à quel saint se vouer. Non seulement elle est victime de maltraitance, d’escroquerie mais aussi certaines agences de voyages qui sont de connivence avec des hauts cadres de la Direction de l’Immigration et de l’Émigration, monopolisent le service pour leurs clients aux dépens de cette grande majorité. Cette catégorie de personnes qui n’a généralement aucun soutien, passe des nuits entières dans des espaces inappropriés pour pouvoir bénéficier du service à la première heure le lendemain.

Watson Audibert