Le terminal pétrolier Varreux toujours sous l’emprise des gangs alors que « le gouvernement a tout sous contrôle »
Le Terminal Varreux est toujours sous l’emprise des gangs armés du G-9 en fanmi e alye, plus de deux semaines après qu’ils aient provoqué sa fermeture. Un fait dont le gouvernement haïtien qui a assuré au conseil de sécurité de l’ONU que « globalement, la situation est sous contrôle », ignore complètement. Sur les réseaux sociaux, les responsables du Terminal pétrolier ne cessent d’appeler à l’aide. Le gouvernement fait silence radio.
La réalité haïtienne dément les déclarations du chancelier Jean Victor Généus. L’image qu’arborent les rues de Port-au-prince et ses environs montre une ville inexistante. Haïti est devenu le royaume du mal où seule l’anarchie domine; les exactions des bandits sont de plus en plus récurrentes, les gangs gagnent plus de territoires et la population, livrée à elle-même, ne cesse de cracher quotidiennement sa colère dans les rues.
Une situation devenue de plus en plus délétère après deux adresses à la nation du Premier ministre Ariel Henry sur le carburant. La première pour annoncer l’augmentation des prix et la deuxième pour annoncer sa disponibilité dans toutes les stations-service.
Au lendemain de la deuxième adresse, le terminal Varreux est bloqué. Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, le puissant chef de gang Jimmy Cherizier alias « Barbecue », fusil M-4 en bandoulière, debout au milieu de barricades, de pneus enflammés en face du terminal, a revendiqué la fermeture de ce centre où sont stockés 70% des produits pétroliers du pays. Le chef du G-9 a clamé : « Vous entrerez dans ce terminal quand nous serons tous morts. C’est sur nos entrailles que vous passerez, Ariel ».
C’est la troisième fois en moins d’un an que l’accès au terminal Varreux est rendu impossible par les gangs dont certains membres vendent du carburant dans le secteur informel.
Plus de deux semaines après cette fermeture, le gouvernement et le Conseil Supérieur de la Police Nationale D’Haïti (CSPN) restent les bras croisés, tandis que l’absence de carburant continue à contraindre des institutions à fermer leurs portes.
Lundi dernier, devant le conseil de sécurité de l’ONU, sans ambages, ni gêne ni aucune once de pudeur, le Ministre des Affaires Étrangères haïtien Jean Victor Généus a prétendu que « globalement, tout est sous contrôle ».
Peu de temps après cette déclaration, Jimmy Cherizier, le chef du G-9, a réagi en appelant le premier ministre Ariel à démissionner pour éviter un bain de sang en Haïti. « Je souhaite que le Premier ministre Ariel Henry entende raison et fasse comme le président de l’Afghanistan, (Achraf Ghani, ndl), qui s’est enfui pour éviter un bain de sang (2014-2021, ndl). Je souhaite que le Premier ministre Ariel Henry entende raison, qu’il laisse le pouvoir et démissionne le plus vite possible », a déclaré Jimmy Chérizier dans une vidéo.
Des hommes qui n’ont rien à perdre
« Nous n’avons pas de terminal à Varreux, pas de Shodecosa, pas d’APN, pas de douane, pas de parlement. Cela veut dire que nous n’avons rien à perdre. Nous n’avons pas de banques, ni de supermarchés », a-t-il ajouté. « Nous demandons au peuple Haïtien, à partir de lundi, d’éviter de sortir dans les rues sans réel besoin », a mis en garde Jimmy Chérizier.
Ce jeudi 29 Septembre, le Terminal Varreux a encore lancé un SOS via son compte twitter. « État des stocks à WINECO au 29 septembre 2022; Diesel 4,983,426 gallons, Kerosène 816,228 gallons, Gasoline 5,162,346 gallons. La situation restant inchangée, il n’y a pas eu d’opérations de chargement de camions depuis le 12 septembre 2022 », indique Varreux.
Le gallon de diesel ou de gazoline, dans l’informel, se vend à prix fort à cause de la situation de blocage au niveau du Terminal. Le prix varie entre deux mille cinq cent (2 500) et quatre mille (4 000) gourdes à Port-au-prince.
DJ