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Haïti-crise: un pas de plus vers l’effondrement d’une nation fantoche

Fin d’exercice fiscal alors que le pays fonctionne toujours sans budget. L’Etat haïtien a une fois de plus entamé, ce 1er octobre 2022, une nouvelle année fiscale sans avoir pris soin d’adopter un budget pour le fonctionnement du pays, en violation flagrante de la loi sur l’élaboration et l’exécution du projet de loi de finances, en vue d’adresser les défis économiques et sociaux. C’est un pas de plus vers l’enlisement dans le sous-développement, et la mauvaise gouvernance inhérente à la corruption. Une situation qui dépasse l’entendement.

 

 

 

Selon la Constitution de mars 1987 amendée, le 1er octobre de chaque année est consacré au début « officiel » d’un nouvel exercice fiscal au cours duquel le nouveau budget devrait entrer en vigueur. Le budget est un document qui retrace les recettes et les dépenses de l’État pour une année fiscale donnée. C’est en fait, un acte économique qui met en jeu plusieurs milliards de gourdes, mais aussi un acte juridique puisqu’il est voté par le Parlement sous forme d’une loi de finances ou publié sous forme de décret par le pouvoir exécutif en l’absence du Parlement.

 


Le gouvernement semble s’adapter à toutes situations qui vont à l’encontre des intérêts de la population. Pour le début de l’exercice fiscal 2021-2022, c’était à peu près le même cas de figure, le pays n’avait pas pu avoir un budget à temps. Un budget rectificatif, optimiste et plein d’engagements, a été reconduit 6 mois après le début de l’exercice fiscal, soit en avril 2022.

 

 

Il tablait sur 0.3 % de croissance du PIB, 6,4 % de pression fiscale, 27,3 % d’inflation, 40.3 milliards de gourdes de financement de la BRH contre 49,2 % de l’exercice précédent. Grâce à un programme signé avec le FMI, le gouvernement de Ariel Henry avait planifié l’élimination progressive de la subvention des produits pétroliers, la lutte contre la contrebande, des réformes au niveau des institutions fiscales tout en prévoyant 3 milliards pour un programme social qui financera des campagnes agricoles pour mitiger la hausse anticipée de l’inflation.

 

 

Toutefois, pour l’exercice fiscal 2021-2022, les objectifs du budget n’ont pas été atteints. Les lignes budgétaires n’ont pas été respectées. Les recettes de l’État ont été sous-optimales, la politique fiscale inefficace et le solde budgétaire toujours négatif. L’inflation a franchi la barre des 30% en glissement annuel pour le mois de juillet en attendant les chiffres du mois d’août et de septembre alors que les prévisions dans la lettre de cadrage tablaient sur une inflation de 27.3%. La dépréciation de la gourde ne s’est pas arrêtée, le déficit budgétaire et le financement monétaire dépassent les limites fixées, moins de 3% du PIB. Le gouvernement n’a pu débourser les 3 milliards prévus pour des programmes sociaux.

 

 

En ce début d’exercice fiscal, aucune prévision n’est faite. Aucune idée des grands chantiers n’a été véhiculée. Un tel contexte ne fait que renforcer l’incertitude économique et devrait hypothéquer les perspectives de croissance économique pour 2023. Entamer le nouvel exercice sans un budget adopté ne fait qu’empirer une situation déjà hors de contrôle du gouvernement. C’est une preuve parmi tant d’autres qui prouvent le dysfonctionnement de l’État.

 

 

Le budget est aussi un outil de planification et de gestion pour l’atteinte des objectifs économiques et sociaux. On se demande comment le gouvernement va-t-il s’assurer de l’implémentation des politiques publiques dans un contexte de crise humanitaire aiguë sans un budget adapté et comment va-t-il négocier des accords de prêts et de dons sans un budget actualisé? Il est clair qu’il n’y a pas de planification économique pour cet exercice.

 

 

Le bilan de l’exercice fiscal 2021-2022 est catastrophique. Cette année fiscale a battu tous les records en termes de mauvaises performances. L’absence d’un budget pour corriger ces contre-performances laisse présager un autre exercice de perdu où les déséquilibres socio-économiques seront beaucoup plus criants.

 

 

Cet exercice fiscal est parti, laissant derrière lui plus de 5.6 millions d’âmes en insécurité alimentaire, dont près de 3 millions en situation d’urgence. Dans l’intervalle, le gouvernement ne cherche qu’à assurer sa survie, joue pieds et mains pour trouver un consensus politique. L’économie peine à jouir d’une bonne santé.

 


DJ

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